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Textes

Dis-lui quelque chose, ne la laisse pas faire,

Il n’y a pas de nuit, pas de guerre,

Au milieu de cette obscurité, il n’y a que son obstination à partir,

Qui d’autre pourra la calmer, la retenir ?


Arrête-la, ne la laisse pas partir, quoi qu’elle dise,

Qu’elle continue à raconter ses bêtises,

Qu’elle continue à mélanger son sang avec ses larmes comme hier,

Elle partira plus tard, mais qu’elle reste au moins jusqu’à l’hiver.


Regarde comme les nuits sont longues,

On dirait de la fumée effilée.


Même si la lumière le matin sera aveuglante et bleue,

Elle n’écoutera que toi.

Même si ses saints seront méchants et bornés,

Que cela arrive maintenant. Ou n’arrive jamais.


Mais ne la laisse pas partir, tant qu’il n’est pas trop tard,

Tant que le soleil perce le brouillard.

Même si l’automne touche à sa fin et que l’hiver est sur le seuil,

Ce qui lui fait le plus peur c’est de rester seule.


Même si ses saints seront bons dans leur deuil,

Elle ne parler qu’à toi seul,

Peut-être parce que c’est dans la foule qu’elle se sent le plus seul.


Dis-lui quelque chose,

Que tu n’as jamais dit à personne,

Quelque chose au sujet des gens et des oiseaux, des animaux et des poissons,

Quelque chose au sujet de l’éternité du charbon et de la légèreté du blé,

Que la vie doit continuer,

Même si la guerre semble éternelle.


Qui te croira sinon elle.

© Serhiy Jadan | Traduit par Iryna Dmytrychyn

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